De la nature du mouvement des gilets jaunes

Je propose dans le texte suivant une analyse de ce qui pourrait fournir les bases d'une caractérisation des mouvements tels que celui des gilets jaunes. Autant dire que pas grand monde arrive à en fournir une définition, moi le premier, mais au moins le présent texte fournira peut-être (peut-être – si quelqu'un le lit) un début de commencement en la matière.

1-Un nouveau type de mouvement

Je propose au début ce qu'il me semble être un historique de ce type de mouvement qui ne vient certainement pas de france. Rappelons-nous, en 2008 : la crise frappe l'europe. En grèce en premier lieu vient une révolte populaire mais surtout apparaît en espagne le mouvement des indignados. Ce mouvement est le premier à être caractérisé par l'adhésion d'une masse à un mouvement spontané se développant par le biais des réseaux sociaux. Le mouvement des indignés va se diffuser en soutenant un message de gauche très prononcé et surtout en occupant l'espace, la rue.

Peu de temps après, on entend en tunisie des « ben ali dégage ! » qui ne sont pas sans faire écho au macron dégage que l'on entend dans les rues en france aujourd'hui.

La révolte se diffuse comme une trainée de poudre en lybie, egypte, syrie et dans le golf. Au début, la ministre française des armée se vente du savoir faire français en matière de maintient de l'ordre puisque les policiers de tous ces pays (sauf la syrie) sont armés, équipés, entraînés, et utilisent des logiciels français en matière de maintient de l'ordre. In extremis, les ventes de lacrymogène sont suspendus au pouvoir tunisien et dassault qui devait vendre des automitrailleuses à khadafi doit quelques jours avant le bombardement des forces lybiennes par les francos-anglais suspendre sa transaction.

En 2009 en france arrive le mouvement sans bannière de la ronde des obstinés. Peu de temps après des luttes collectives dans les ZAD, très dure, vont créer (victorieusement à Sivens et NDDL) un engouement qui va déborder ces ZAD les années suivantes.

Plus récemment, ce débordement va donner lieu au mouvement nuit-debout, réprimé dans le sang.

Tous ces mouvements se caractérisent par :

-un processus largement plus spontané d'adhésion, hors d'une adhésion à priori (pas de parti politique derrière ou d'association existante)

-un appuis sur les réseaux sociaux

-un mot d'ordre central pouvant tenir en une défiance du représentant du pouvoir (président dégage)

-une remise en question beaucoup plus globale des processus dits « démocratiques »

-une posture de refus de l'indignité

2-Historique du mouvement des gilets jaunes

Un des points communs des principales contestations aux gouvernements, en france, ces dernières années :

-aucun de ces mouvements ne prend naissance à Paris [sauf nuits-debouts]

-ces mouvements prennent largement comme question de base l'écologie (bonnets rouge)

-ces mouvements questionnent les modes de vies et le mouvement/l'énergie

On se rappelle en effet des bonnets rouge qui ont contesté la taxe carbone. Il en va de même plus récemment pour la contestation des 80km/h sur les nationales. On était en droit de penser que le mouvement des gilets jaunes allait là aussi suivre une pente tenue plutôt par la droite mais la confrontation avec les forces de l'ordre qui n'était pas souhaité par les manifestants a retourné nombre de ces derniers contre le gouvernement. En effet, on se rappelle des premiers samedis de contestation où les gilets jaunes s'affichaient comme d'honnêtes citoyens (VS les casseurs) avant d'être relégué directement par les médias et les policiers au rang des ces casseurs qu'ils décriaient pourtant. Les policiers ont alors retourné la masse vers les forces attirées par la contestation et fait venir des manifestants qui sinon ne seraient jamais joint au mouvement. Merci qui ?

3-Prospective

Pour le peu que de ce que de mes yeux j'ai vu des manifestations, jamais auparavant je n'avais vu des vieilles dames et de vieux monsieurs avec des lunettes pour contenir les gaz lacrimogènes. Je n'ai pas vu de casse avant que les policiers décident de bloquer un cortège, la casse se limitant alors à un peu de mobilier urbain et surtout des banques, assurances et quelques agences immobilières. A Toulouse, un magasin de plantes (avant noël, avec tout plein de sapins sur sa terrasse!) n'a pas eu le temps de ranger sa collections d'épineux à l'endroit même où s’érigeait une barricade flamboyante. Et pourtant non, aucun sapin n'est allé servir de combustible...

C'est ainsi à se demander si le mouvements des gilets jaunes ne tient pas juste parce qu'il y a la police qui réprime, faisant de la répression du mouvement des gilets jaunes sa principale force.

Surtout, l'indignation créée par l'attitude du gouvernement ne cesse de croître puisque les bêtises déclamées par lui à une vitesse assez effrayante viennent alimenter la contestation.

Une seule chose semble pouvoir arrêter le mouvement des gilets jaunes qui paraît avoir quitté les ronds point pour gagner les rues : la chute de têtes couronnées.