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Croyances, pensée magique et irrationalité

Publié le par Scapildalou

Il faut à mon avis démystifier les croyances, ce que l'on attache au terme “croyance” plus précisément. Le terme croyance revient, en étymologie, à l'idée de prêt (prêt d'argent). Contrairement à la confiance, on peut ici prêter sans trop se soucier du futur et du retour sur investissement en quelque sorte. La croyance est donc le prêt d'une intention sans grande remise en question, d'où le fait que par plusieurs vicissitudes, croyance à donné 'crétin'.

Les croyances, nous en avons tous. Nous prêtons à la réalité du monde des formes sans être certains de ce qu'il en retourne effectivement. Lors d'une discussion récente, j'affirmais à mon interlocuteur que les Celtes étaient originaires d'Asie mineure, d'où le nom 'Galatasaray' près d'Istanbul. Il se trouve que j'avais en partie tord, les Celtes étant arrivés en Asie Mineure seulement aux alentours de 200 avant notre ère si je me souviens bien (je vous prie de me croire).

Bref, je croyais à tord en une origine proche orientale des Celtes. C'était une croyance, de même que si je devais expliquer des phénomènes physiques il en relèverait pour beaucoup de croyances, etc.

Donc le problème ne réside pas en la croyance où en l'existence de croyance puisque nous en avons tous et nous en aurons toujours. Nous vivons avec ; les croyances, contrairement à ce que disent les neuro-sciences qui se posent comme un discours d'expert tenant place de Vérité incontestable, ne sont pas un avatar de la réalité résultant du fait que nous seriont tous des penseurs biaisés (contrairement aux psycho-neurologues qui eux appréhenderaient le monde sans aucun biais). Les croyances sont le noyau de base qui compose la pensée sociale.

Sans croyance, point de tord, sans tord, point de décalage, d'épokhé et donc d'apprentissage.

 

J'avais dit ailleurs que l'apprntissage résulte justement dans le fait de créer de nouveaux liens, de nouvelles significations. Faire des liens n'est pas choses évidente. Souvent, nous faisons des liens entre deux choses qui n'en n'ont pas. Peut-être même est-ce la majorité des cas. Les psychologues cognitivistes que je critique allégrement nomment ça "des corrélations illusoires" (c'est un biais cognitif, précisent-ils). Une corrélation illusoire, par exemple, c'est lorsque vous voyez une amie que vous n'avez pas vu depuis longtemps et ce jour là, bim, gros orage. Deux ans plus tard vous revoyez votre amie et de nouveau, bim, orage. Forcément, vous dites "à chaque fois que je vois cette amie, ça atire l'orage". C'est peut-être le coup de foudre, notez-le. Or nous serons d'accord pour dire qu'il n'y a de toute évidence aucun lien entre le fait de voir quelqu'un et la présence de l'orage sauf à ne décider de voire certaines personnes que lors des soirs d'orage mais en ce cas le lien de cause à effet ne laisse planer aucun doute.

S'il y a un trait propre à l'humanité, c'est qu'elle repose nécessairement sur le fait de dresser systématiquement un lien entre des éléments disparates. C'est ce qu'on appelle le "symbolique". Il y a besoin d'ailleurs de faire du lien entre des éléments à priori dissociés. Faire le lien entre "bien être" et "grosse voiture" est un de ces phénomènes sociaux composant une société. Pourtant on peut aller très bien en roulant sur un petit vélo, mais allez expliquez ça aux actionnaires des constructeurs automobiles dont le chiffre d'affaire dépend de la capacité à vendre des voitures toujours plus chères.

Une façon de savoir si une corrélation n'est pas illusoire consiste à faire des statistiques descriptives et inférentielles. Ainsi, la méthode statistique se basant sur la détermination de corrélations effectives est le principal socle, actuellement, de la méthode expérimentale, pour l'heure dominante en sciences.

Si vous voyez 20 x la même personne et qu'à chaque fois il y a de l'orage, vous dira un scientifique, et que toute personne ayant vu cette même amie ont aussi eu de l'orage à chaque fois qu'ils l'ont vu, alors se pose une question statistique dont il faudra étudier les causes. Peut-être cette personne habite-t-elle dans un endroit où il y a de la foudre et qu'en plus vous allez la voir l'été lors des pics de chaleurs. Allez la voir 20 x au printemps pour tester si c'est toujours vrai. Voilà, la méthode expérimentale.

Néanmoins, cette méthode n'est pas applicable tout le temps. Et pour la poésie du monde, j'ai envie de dire, c'est très bien. C'est de là que viennent les habitudes. Bon, les habitudes sont aussi des repères, des scripts, qui favorisent l'appréhension du quotidien. Mais cette appréhension facilité du quotidien ne se traduit pas en termes scientifiques : on va plutôt dire "moi, si j'ai pas mon café le matin, je ne me sent pas bien". Et si vous ne prenez pas votre café, dans ce cas, vous aurez sans trop de doute tendance à expliquer ce qui se passe mal dans votre journée en disant "c'est toujours comme ça quand je ne prend pas de café : après, tout se passe mal".

Qui plus est, dans des situations où les angoisses peuvent sortir (soit que vous êtes dans un moment d'angoisse et que vous avez besoin de repères, soit que la situation soit en soi angoissante, comme lorsque des enjeux majeurs se manifestent), on va avoir tendance à se rattraper à des choses de ce genre. C'est le cas des sportifs qui ne lavent pas les vêtements avec lesquels ils ont gagné des matchs cruciaux et les portes ainsi à chaque rencontre difficiles. Ce ne sont plus des habitudes, là, on est dans le rituel. Certes, le rituel collectif a une fonction sociale (il sert à la cohésion du groupe, à son identité et par métonymie, définie l'identite de chacun des membres du groupe). Je le précise car il y a un saut qualitatif entre les phénomènes de groupes et les processus individuels qui font qu'ils sont comparables, mais pas systématiquement assimilables. Lorsqu'une personne se sent presque dans l'obligation d'accomplir un rituel personnel pour se sentir bien, alors on parle de "pensée magique". Tout un chacun a des processus de "pensée magique". Même la personne la plus rationnelle qui soit en a. Dans le cas contraire, ce serait une personne tellement dogmatique qu'elle en aurait une pathologie invivable au moins pour ses proches. Et puis la vie humaine, le symbolique, n'est pas entièrement explicable. Cette part de pensée magique, de distorsion de la réalité, c'est aussi de là que née la poésie.

 

En revanche, si on ne peut expliquer entièrement le monde, l'humanité, celà ne veut pas dire qu'en dernière hypothèse il faut retenir un point unique qui ferait tout tenir : dieu par exemple. Mieux, dire que l'humanité n'est pas entièrement explicable, revient à dire que si on laisse au seigneur des voix impénétrables, alors on explique le monde en une chose unique (dieu) et donc on refuse la définition de l'humanité comme chose inexplicable. Dans cette conception qui peut ne pa être acceptée, croire en un dieu qui expliquerait toute l'humanité, serait s'accorder sur un point qui relève de l'inhumanité. Mais c'est à débattre.

Encore une fois, tout ne peut être rationnel et même, le fait de tout rationaliser (le processus de rationalisation) est un symptôme bien connu des psychologues, surtout ceux qui sont confrontés aux psychotiques de tendance paranoïaque et à certains schizophrènes.

Celà ne veut pas dire non plus qu'il faut laisser s'étendre à l'ensemble des systèmes sociaux de la pensée magique. Car on tombe alors dans le dogme religieux. C'est même ce qui le caractérise à coup sûr, après l'existence de dieu. Si dans un groupe ou un ensemble donné de personnes vous observez 1-l'existence reconnue d'une divinité + 2-des pensées magiques élevées au niveau de rituels intangibles, alors vous avez à faire avec une religion bien implantée.

Rappelons-le : tous, nous avons des croyances. Tous, nous avons des pensées magiques. Tous, nous prenons des décisions en fonction des deux éléments précédents c'est-à-deire des décisions irrationnelles. Mais lorsque cette irrationalité est élevée au niveau d'un dogme, si nous parlons d'un individu, alors il en retourne de la pathologie. Au niveau d'un ensemble social, il en retourne de l'idéologie religieuse. Et ce n'est jamais bon signe.

 

Conclusion :

Il ne s'agirait ici que d'un rappel ou d'une note épystémologique si nous n'étions pas confrontés aux évènements actuels, à l'épidémie de COVID, et à ce qui en découle.

La santé est un enjeu de croyances, pour tout un chacun. Exemple : savez-vous qu'on ne respire la plupart du temps que d'une narine ? Non ? Et pourtant.

De même, je rappelais à un collègue il y a peu les campagnes des années 1990/2000 où l'on insistait sur le fait qu'il fallait rendre visite aux personnes atteintes d'un cancert ou du VIH. Car à l'époque, ces personnes étaient fuient comme la peste et devaient lutter seules contre la maladie – une bonne façon de ne pas s'en tirer. De même les capitalistes ont longtemps fait croire que la cigarette faisaient des hommes, comme on a longtemps cru à l'existence des crises de fois, de même qu'on ne fout plus systématiquement des rails métaliques dans la bouches des ado ou bien que l'on combat désormais la douleurs chez les nouveaux nés (on a longtemps dit qu'ils ne ressentaient pas la douleur, qu'on pouvait se passer de les anesthésier).

La santé est un enjeu majeur des croyances individuelles et collectives, ainsi que chez tout un chacun, il me semble, une réserve de pensées magiques assez peu commune.

Dire de toutes les personnes qui refusent de se faire vacciner qu'elles sont irresponsables est bien plus irresponsable que de ne pas se faire vacciner. Car les processus de réactance (=rétractation sur la pensée originale) vont être si fort et produire des effets sociaux si importants, surtout vu le contexte, que ça ne peut aboutir qu'à un mouvement de défiance d'ampleur. D'ailleurs je me demande si ce n'est pas fait exprès de la part du gouvernement, et vu sa façon de procéder ainsi régulièrement, il ne s'agit pas que d'une corrélation illusoire...

 

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