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Une Raison Sèche #6 journal extime en pério de de confinement... et après

Publié le par Scapildalou

Je reviens à mon journal de confinement sobrement intitulé "Raison sèche" en référence au livre "une saison blanche et sèche" d'André Brink. Puisque mon but était d'y consigner les impressions et effets du confinement sur moi et nous, ou l'inverse, et qu'à mon avis la situation actuelle ne sera pas sans effets non plus, j'ai décidé de le continuer. Mais ici, je retourne en arrière. Vous rappelez-vous ce que vous faisiez le 10ème jour du confinement ? Eh bien que ce soit le cas ou pas, je vous présente quel était l'état de mes pensées ce jour là.

 

Bien à Vous...

 

Jour 10

Je crois que je reviens d'un collapse dans le temps. Je ne sais plus ce qu'il s'est passé depuis mardi. Mercredi, jour 8 du confinement, j'ai fini de rédiger un dossier de demande de SGPA d'un petit loulou qui n'ira pas en SEGPA. L'après midi ? Et bien l'après midi, je n'ai rien fait. Sieste, puis course.

Hier j'avais du taf, j'ai bossé toute la journée – enfin presque. J'ai fais quelques courses à Inter. Cadis obligatoire. Bien, j'en profite pour prendre un pack de bière du coup. À la caisse, le mec qui arrive après moi a dû avoir la même idée. Lui, c'est carrément les fûts qu'il a acheté. Lorsqu'il les pose sur le tapis roulant, il ne peut s'empêcher de sourire.

J'avais des entretiens l'aprèm. J'ai eu au téléphone un gamin en apprentissage de mécanique poids-lourds. Ah la vache, le type a 17 ans, il est déjà en souffrance au travail, au point de développer des migraines, d'avoir des problèmes au cuir chevelu, des troubles du sommeil et des maux de dos insupportables. Tout ça a cessé bien entendu depuis qu'il est en arrêt maladie ; il est content de dormir mieux. J'ai sortie l'artillerie lourde en envoyant, avec son accord, un mail à qui de droit au lycée, disant qu'en tant que psycho du travail et ancien expert CHSCT, là, ça chie grave. En principe c'est entendu, mais je vais pas lâcher l'affaire.

Bon, après 16h, apéritif, et j'avais des munitions. Résultats aujourd'hui je suis dans le gaz, au moins je ne vais pas voir passer la journée.

A au taf, qui fait l'accueil du CIO depuis chez elle au téléphone, me dit avoir l'impression de vivre le même jour, comme dans le film un jour sans fin.

J'ai eu L au téléphone : une de ses potes s'est séparé de son mec, une mauvaise histoire, juste avant le confinement. Elle en chie la pauvre. J'ai dit à L que si elle voulait je lui faisais le con-finement, mais s'il a rigolé, je doute qu'il transmette ma proposition. Petit joueur...

L gamberge à mille à l'heure dans toutes les directions, comme d'hab. Sa tête est un laboratoire d'idées et il se pose déjà des questions sur l'après. Moi aussi, mais lui va bien plus loin que moi et bien moins superficiellement. Bon, j'essaie de m'inviter à un apéro chez lui mais pas moyen, il reste avec son colloc, un point c'est tout. Il me propose un apéro skype, mais j'ai pas de caméra. Et puis merde, j'ai envie de claquer ma bière contre une autre bière tenue de main ferme par quelqu'un !

On parle de ça aussi, des rues vides, des gens qui s'évitent, de la fiesta de fin de confinement, tout ça.

Macron a encore salopé un truc : il a parlé de résilience. Tiens, de le dire ça me donne envie de cracher un article sur mon blog. J'en ai écrit un mercredi je crois, parce que sur la boite mail pro, j'ai reçu encore des mails de psycho (de psypitres comme disait Cassagne) qui disaient comment faire des exercices respiratoires pour faire diminuer le stress. Pas la peine d'aller au KFC, mon cul c'est du poulet dans cette crise. Il n'y avait rien sur la résilience, sur le lien social, sur la solidarité, sur la nécessaire épreuve du lien social dans ce type de situation. Et rien sur les situations de résiliences, je veux dire rien sur les personnes qui en apparence vont bien et s'en tirent pas mal même s'il s'agit là bien souvent d'attitudes de faire-face qui au font peuvent aussi être annonciatrices de dépression. Résultat, j'ai donc pondu un article sur ce que le Marxisme a apporté à la psychologie (dite 'psychologie de merde' pour l'occasion).

Donc Macron vient dans un discours de parler de résilience. La seule résilience que j'ai vu dans ce pays de merde, c'est le mouvement des gilets jaunes. Et si résilience il doit vraiment y avoir, le mec il aura jamais assez de condés pour y faire face. Ce type, c'est l'anti-résilience et j'espère qu'il sera possible d'utiliser ce terme sans qu'il ne soit définitivement souillé du fait d'avoir été utilisé par ce salopard. Il est mort tout en étant vivant comme dit l'autre, Macron m'a l'air fini. Ça va demander des comptes sérieusement je pense.

L'opposition demande des commissions d'enquêtes et ça commence à flipper.

Le contrôle des chômeurs reste énorme malgré la période et ce qui est dit à la radio. On nous dit qu'ils leur est seulement demandé de resté actualisé, c'est faux. J, le colloc de L reçoit une pression accrue, et je parle de la pression de pôle emploi, pas de celle du bistro du coin. Quand Macron a parlé, ça a du mouiller grave à radio france, une vraie flaque d'eau, une fontaine. Mais dans les faits, il ne se passe pas dans le monde rien de ce qui est dit dans leurs micros. Ce que les claques merdes de journalistes y crachent sur les ondes tout ça, rien de juste là dedans.

On parle de prolonger le confinement jusqu'à après les prochaines vacances scolaires. Qu'ils aillent se faire mettre, j'irai quand même à la montagne et si je peux pas acheter une hache, G ayant réparé celle que je lui ai pété (mais quel type quand même celui-là!), tant pis, je la lui emprunte et me casse au Moscadou, seul et tranquille, préparer la saison de semi-marathon.

Écrire me fait récupérer du coma créé par la douzaine de bière que je me suis descendu hier soir. Après avoir mangé, j'aurai peut-être l'énergie de faire le ménage, reprendre ma lecture de la biographie de Fouché, puis d'aller courir ¾ d'heure.

J'ai eu une discussion par mail hier avec des collègues, j'ai un peu parlé théorie avant de me rétracter et dire « j'arrête là sinon demain on y est encore, et ce soir, j'ai piscine ! »

Une collègue a répondu « bon plouf », je ne sais pas si elle a compris... Putain, je mets de ces conneries dans mes mails quand même...

Tiens dernière en date, à l'instant : voilà ce que je reçois par mail d'une collègue

 

Une Raison Sèche #6 journal extime en pério de de confinement... et après

Du coup, je répond à tout le monde :

« Heu... Pourquoi il faut les contacter si les murs et plantes répondent ? Je vais pas partager mes conversations privées quand même...

Je vous laisse, j'ai mon frigo qui m'appelle pour faire une partie de puissance 4, il gagne à chaque coups... »

 

Je suis bon a jeter je crois.

 

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