Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Une raison sèche... #1 Journal extime en période de Coronavirus

Publié le par Scapildalou

Je tiens un journal de confinement. Je vous livre ici un extrait que je viens de réaliser ce jour, le 31/03/2020.

"Au moment d'aller courir [hier], je me suis rendu compte qu'il y avait eu le changement d'heure. (...). Mais la course a été bonne. J'ai eu L. au téléphone. On devait se téléphoner lundi soir mais l'un n'empêche pas l'autre. Hier, lundi, ça a été une journée épuisante. Le temps a été dégueulasse. 30 mars, il neige. Dur. J'ai Me. au téléphone (une bonne heure), puis Mn. ensuite. J'aurai bien voulu discuter plus avec elle mais je crois avoir définitivement un problème avec la hiérarchie. Une autre fois peut-être. C'est dur pour tout le monde. A. aussi en bave avec cette neige et ce froid. Je pousse le chauffage à fond. J'ai H. au téléphone, elle aussi a du mal aujourd'hui. Au final je me suis enquis de l'état de sa cave : le pinard n'est plus consommable. Quelle tristesse, tant de bouteilles... Je vais acheter de quoi faire l'apéro téléphonique avec L.. On passe 3 bonnes heures au téléphone, à parler, picoler, on regarde même la vidéo du jour de Pierre-Emmanuel barré. Il l'est définitivement, barré.

J'aurai passé 5 ou 6 bonnes heures au téléphone ce jour.

Le moral en a pris un coup tout de même.

Je me couche sans grande difficulté même si je ne suis pas fatigué. Je cauchemarde, encore. Je suis dans une citée U et une menace approche. Il faut se barricader, j'ai peur. Je contrôle les accès, mais j'oublie de fermer des portes. Je les bloque, des jeunes rentrent dans le bâtiment. Ils m'accusent de me faire du soucis, d'être replié pour rien. Mais j'ai peur, la menace se profile, il faut tout fermer avant la nuit.

Je me réveille la tête dans le cul, ça doit être le mélange pinard-bières. L. m'a invité à passer le week-end chez lui. J'allume l'ordinateur et avant de boire le café, je gratte déjà un addedum à la biographie de Colomb, une note méthodologique et épistémologique. 4 pages tombent sans effort. Grosse surprise à midi : S. , un ancien collègue m'appelle. C'est repartis pour un tour de téléphone, plus d'une heure.

Hier soir, peu de personnes ont applaudis : les couilles moles ne se bousculent pas aux fenêtres lorsqu'il fait froid. Une femme passe à 20 heures alors que je m'en grille une, bière en bouche. Elle applaudie :

« tu vas crever ! » Elle a mal entendu et crois que je la soutiens

« je suis infirmière, merci de votre aide »

Oups.

« tu vas crever quand même ! »

Puis tous se rentrent et je reste seul à contempler une rue vide. Les oiseaux ont changé d'attitude eux aussi, devant tout ce vide laissé. Je vois un couple de pies qui pillent les graines d'un balcon. Elles savent y faire.

Le gouvernement continue ses saloperies. Les flics aussi : ça verbalise à tour de bras. Une personne se fait même caler une amende pour... marcher pieds nus. Fils de pute. Comme le dis S. « il y a des têtes qui vont rouler au sol ». Retourné en Gouadeloupe, il s'est rapproché du LKP. Il veut revenir en métropole, ça vaut mieux pour le préfet de là-bas. Les drones volent, il y en a même à Moissac. La stratégie du choc est policière, c'est très grave, mais les cons applaudissent. Je suis à deux doigts de mettre un drapeau rouge au balcon. Un type du rectorat essaie de me joindre. Merde, je l'ai loupé. Je lui envoie mes contacts, je m'excuserai. J'ai de toute façon décidé d'accepter mon profile atypique. Vraiment, j'ai désormais le temps de réfléchir à mes échecs

(...)

Ça se tire dessus sur le net à propos du Dr Raoult. Je m'en fous, je n'avais pas de position jusqu'alors, maintenant j'en ai une. C'est pas mon problème ce con. Ce qui me soucie c'est son remède : ça fonctionne, ça fonctionne ; si ça fonctionne pas, lui et son équipe se sont plantés. Tout ramener à sa personne, bordel, c'est pas mon genre. Ça, je le laisse à ceux qui ont des choses à se reprocher.

Ceux qui applaudissent ont des choses à se reprocher. Ils acceptent que le gouvernement les accable des erreur qu'il a réalisé. Je refuse ça.

J'ai regardé la carte de l'épidémie. C'est pas cool. L'afrique commence à en chier. On parlait d'un virus peu résistant à la chaleur, bah ça n'a pas l'air d'être le cas. Ceci dit pour l'instant, c'est en europe que ça canne le plus. On parle que l'UE ne va peut-être pas résister au choc. Le virus, plus fort que l'URSS. Si j'avais su, au lieu d'être communiste tendance anar qui chie, j'aurai fait des études en virologie, c'est plus efficace. Mais non, c'est tout de même les pauvres qui clamsent. Quoique, le coup de Devedjian, c'est pas mal. Il en reste plein, mais c'est pas mal.

S. me raconte que dans son EPAHD des masques périmés ont été livrés. Comme partout, sauf que là, ils étaient périmés en mode odeur de moisi. Ni une ni deux, la chef, élue au CHSCT... les a tous passés au pschitt odeur menthe. Et voilà, il n'y a plus à se plaindre.

Il commence à y avoir des pénuries, et ça, ça me fait un peu flipper. Ceci dit, jamais le monde ne s'est autant soucié du PQ. Au fond, la première chose auquel pense les gens en temps de crise, c'est s'essuyer le trou de bal. Oui, le monde pense à son trou de bal, à le garder propre, en cas de pandémie dont la gestion a foiré. Le peuple se fait enculer, mais il se fait enculer propre. Chacun sa fierté...

J'ai eu un entretien téléphonique avec une lycéenne pour son orientation. Je pioche un peu puis lui conseille de se renseigner sur l'animation. Ça l'a botte. J'aime bien, elle fait du cheval mais surtout pas de compétition. Faire des trucs aux chevaux que ces bêtes n'ont pas envie de faire, ça la rebute. Génial, j'adore. Je le lui dit presque tel quel. L'entretien est pas mal, la pitchounette m'aura remis d'applomb. Je téléphone à C. pour faire un débrief du cas d'un gamin qu'elle voulait orienter en SEGPA ; je l'ai bilanté et j'ai fait une préco autre. Du coup elle culpabilise. Elle croyait même que je l'appelait pour lui passer un savon. Que non, je lui dit, si jamais une personne m'énèrve, je ne le lui dit pas en face, je suis une vraie langue de pute... au moins ça l'a fait rire. Elle pensait avoir fait une erreur ; l'erreur, ça aurait été de ne rien faire je lui dit. Quand je voie des profs comme toi ou J., qui trouvent que des gamins ne vont pas bien et ne lâchent pas l'affaire jusqu'à ce que le gosse soit accompagné, moi, je trouve ça chouette. Ça me donne envie de bosser et de peut-être pas me faire virer trop vite. Je continue en disant que si elle n'a pas pu aider comme il faut des gosses, on n'est de toute façon pas responsables de la misère sociale. On fait ce qu'on peut, si on se blesse, c'est là qu'on est mauvais. Il faut se préserver, se faire marcher dessus, c'est perdre. Et vive l'anarchie. Bon, ça, je le garde pour moi. Je place des billes néanmoins pour me faire inviter à boire des bières. Mais je pense qu'elle rappellera pas pour ça. Au moins j'aurai essayé."

Commenter cet article