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Jaune devant, macron derrière

Publié le par Scapildalou

Je me rappelle, pas longtemps après l’élection de macron, d'avoir dit à une personne qu'avec ce nouveau président, ça ne tiendrait pas, ça allait exploser. Bon, l'autre m'avait plutôt tancé mais là n'est pas la question et puis avec les gilets jaunes et toutes les contestations qui s'accumulent au point de se demander quand, où et comment ça va finir.

Alors je vais ôter un doute tout de suite : je ne me suis pas jeté sur le premier barrage de gilet jaune venu, loin de là même. Je diot dire que je considère ce mouvement avec la plus grande suspicion.

 

La haine du peuple

Si j'avais fait ce pronostic et si je le maintiens, c'est que j'ai eu l'expérience de DRH qui se comportaient comme se comporte macron. A chaque fois, ça s'est fini violemment. Il ne me semblait pas ridicule que ces expériences qui avaient toujours suivi le même protocole se reproduirait de nouveau même si le changement d'échelle (4, 10, 500, 20 000 ou 6 millions de personnes) incite à faire attention. Et puis lorsque je réalisais ce pronostic, rien ne semblait laisser penser qu'un mouvement anti macron verrait le jour. Et pourtant...

Ce pronostic, je le réalisais parce que je synthétisais ainsi un certain mode d'écrasement d'autrui qui conduit toujours à une contestation violente :

-premièrement la violence du propos n'incite pas à apaiser les tensions. Le 'ils n'ont qu'à venir me chercher' de macron (sachant très bien son impunité, n'ayant donc rien à craindre...) lors de l'affaire benalla était presque plus violent que les coups portés par son sous-fifre. Ce genre d'invectives parsèment les discours des membres de la majorité. Justement, si l'on veut le calme, le mieux, c'est d'éviter ce genre de provocation lorsque l'on est intouchable. Je rappelle qu'être intouchable, c'est ne pas avoir à donner de réponse, donc... être irresponsable

-deuxièmement : la violence symbolique (le coup du t-shirt et du costume, etc.) qui s'exprime surtout pas la maîtrise de la langue est une façon de rabaisser ceux qui ne peuvent répondre puisque l'on est intouchable. Non seulement je suis intouchable, mais en plus je montre que l'autre n'est pas digne d'être 'adressant'. Le fait de ne pas considérer l'autre comme 'un interlocuteur potentiel' comme le disait Ghiglione, est la négation même de l'autre

Ces deux raisons ne sont pourtant pas à elles seules susceptibles de conduire à un mouvement de révulsion. D'autres vont se rajouter dessus :

-la création d'inégalités en défaveur de ceux à qui l'on a déjà privé l'adresse et à qui l'on refuse de répondre. Le mouvement des gilets jaunes prend ses racines dans un processus TERRIBLE de :

1-gentrification des centres villes et « d'hygiénisation » de ces mêmes centres villes (je parle par exemple des bancs anti-SDF). Les pauvres en premier lieu et les personnes modestes sont chassés physiquement, parfois même manu militari (cf. la rénovation des quartiers de centre ville à Toulouse dans le cadre de la LGV) non pas vers les faubourgs, mais vers les seuls endroits où des logements de surface équivalents sont accessibles : à la campagne

2-Parlons de la campagne : la voici qui n'est plus ou peu s'en faut desservie par un service cohérent de transport publics. Les TER sont délaissés au profit des TGV, les petites et moyennes villes sont parfois aussi difficiles d'accès que Toulouse de Paris (un article du monde diplo de cet été éclairait ces disparités)

3-or il n'y a aucune politique rurale. Les centre bourg sont désertés économiquement, les centres villes des villes moyennes dépérissent. En cause ? Le développement de grandes enseignes qui se multiplient à la périphérie des bourgs moyens, tuant le commerce alentour. Dans les rayons de ces « grandes surfaces » des produits qui n'ont rien de vraiment local malgré l'appellation de 'terroir' sur l'étiquette. En revanche, le coût écologique de ces grandes surfaces est un vrai désastre.

Au final, c'est tout un ensemble de conséquences locales qui questionnent : le changement auquel nous assistons dans nos villes et nos campagnes va contre tous les discours de lutte contre le réchauffement climatique car si les campagnes se repeuplent du flot des rejetés de l'ère urbaine, on a tous vu en disparaître les oiseaux, les insectes, etc.

C'est tout un pays qui est relégué à la marge, alors qu'en même temps la parole lui est enlevé.

Dans ce cercle infernal lié à la non-gestion du territoire, la voiture devient un élément indispensable. C'est aller un peu vite sans soutenir qu'elle est aussi un enjeu symbolique incontournable. On juge autant à la voiture, à ce qui en effet, qu'à l'habit. Toucher à la voiture, c'est toucher à la personne. La voiture devient l'excroissance de la carapace singulière sur la voie publique. Les attaques multiples contre l'automobile, réalisées sans finesse, agissent presque autant que la question du pouvoir d'achat.

Car on ne peut juger le mouvement des gilets jaunes sans parler du pouvoir d'achat. Là aussi le symbolique joue un rôle important : tous les indicateurs affirment que le pouvoir d'achat ne baisse pas, pourtant tout le monde a l'impression de gagner moins. Les salaires baissent, les pensions aussi, mais le pouvoir d'achat, mystérieusement, selon l'INSEE, continue d'augmenter.

Mais ce n'est pas encore tout...

Le pire, c'est le chantage, qui renvoie aux deux premier niveau de violence évoqué plus haut. Le dominant lorsqu'il exerce sa pression grâce au chantage de type 'si tu n'es pas d'accord, c'est que tu es contre moi – tu vas nous faire du mal à ne pas être d'accord, sois intelligent, sois d'accord avec moi...'

Combien de temps ce chantage peut-il tenir ? Combien de temps peut-on supporter ce type de double contrainte ?

Transformer la colère des gilets jaunes en arguant de la responsabilité écologique est un faux, une fin de non-recevoir. La colère des gilets jaunes exprime le ras-le-bol collectif mais ne s'oppose pas à la question de la transition collective dont, je l'ai dit, nous sommes témoin quotidien.

Et puis les bus macron ? Fonctionnent-ils à l'éolien ? Le crédit d'impôt pour l'achat de voiture neuves... Pourquoi ?

La prochaine question sera de savoir jusqu'où le faiseur d'injustice ira pour faire taire les victimes de l'injustice...

 

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7
Gouverner c’est anticiper et prévoir et non pas faire payer au peuple ses erreurs, ses manquements et ses incapacités.Or ce gouvernement macron qui brille essentiellement par son arrogance et son refus obstiné du principe d’égalité organise jour après jour le désordre de l’injustice au cœur de notre société sans oublier la communication des fakes news qui va avec.Les mesures seront les mêmes mais le peuple sera consulté…semble vouloir dire un gouvernement macron qui paraît totalement désemparé ne sachant que dire ni que faire face à la large désapprobation des Français.On sait bien comment le gouvernement macron « consulte » le peuple en faisant la « pédagogie de la réforme »et en organisant une parodie de consultation (le peuple pourra toujours assister aux réunions…).Sur ordre du chefaillon,les ministres,manifestement inaptes au gouvernement,poursuivent leur fuite en avant dans l’impasse en assénant leurs éléments de langage.Le gilet jaune suscite désormais la terreur des macronistes en diable jusque dans l’enceinte du parlement !Ce serait comique et pathétique si ce n’était pas tragique !Le gouvernement macron bouffi d’orgueil et hostile au principe supérieur de l’intérêt de la nation est bien devenu la honte de la France.
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S
".On sait bien comment le gouvernement macron « consulte » le peuple en faisant la « pédagogie de la réforme »et en organisant une parodie de consultation (le peuple pourra toujours assister aux réunions…)" : et je rajoute derrière que, bien entendu, tout le monde ne pourra certainement retrer dans les quelques réunions dont on pourrait déjà prévoir les questions. Le gouvernement Macron insulte les manifestants en disant qu'ils sont contre la transition écologique, du même gouvernement qui favorise l'achat de véhicules neufs et ne fait en vrai rien en faveur de cette transition. <br /> Or il ne s'agit pas de la question de la transition écologique, comme il est dit dans l'article, il s'agit de pauvreté et plus que tout d'injustice. Et parmis cette injustice, on trouve la déstruction de notre environnement sur un territoire que les énarques ne parcourent de toute façon pas, ne connaissent pas, ne comprennent pas. <br /> A croire que les étrangers, ce sont eux...