Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'homme préhistorique n'a pas existé

Publié le par Scapildalou

De moins en moins, l'emploi du mot « préhistoire » m'enchante. Quel est ce terme « préhistoire » ? Que veut-il dire ?

Dans les écoles, on apprend que l'histoire commence grosso modo 3000 ans avant l'ère moderne, en égypte ancienne, ou à Babylone, lorsque l'humain se mets à écrire. On nous apprend que l'écriture est alors une sorte d'invention servant des rois en mal d'administrer leurs pays. Alors naît l'histoire.

Rien n'est moins exacte.

L'écriture est une articulation de symboles, de traces sur des supports (solides) traduisant par « rébus » un système de similitude du langage parlé/internalisé. Si on admet cette définition, le début de l'écriture n'est pas réellement datable, et probablement les symboles étaient peints auparavant sur des supports solides tels que les corps. Par ailleurs, des systèmes symboliques gravés avec des signes totalement coupés de toute similitude avec des éléments directement tirés de l'environnement existaient déjà au temps de Lascaux. L'écriture n'a en rien été créée pour administrer des territoires, de même que le langage, l'écriture est un dévoiement de modalités d'échanges primordiales servant à l'homme à symboliser, c'est-à-dire exprimer les fondamentaux de la condition humaine, ce qu'il résulte des questions que l'on pourrait réduire des axes : perte-présence-temporalité/altérité-similitude-différence.

Le système symbolique fait de rébus posés sur des supports solides date de bien trop longtemps, pour que l'on en fixe une date. A ce titre, l'homme a été historique depuis toujours.

Et puis, que veut dire « préhistorique ? Celà veut-il dire que l'homme auparavant n'avait pas d'histoire ? Bien entendu, si. L'homme par définition est histoire. Celui qui se questionne sur soi est histoire. Que diraient les hommes et femmes des cavernes si on leur disait qu'ils n'ont pas d'histoire ?

Qualifier l'homme de « préhistorique », c'est en quelque sorte inverser les pôles, le faire dépendre de nos référents, « l'obliger » à notre vision, alors que c'est bien l'inverse qui me semblerait plus juste. Après tout, nos signes, ceux que nous utilisons, découlent de ses expériences à lui, quand bien même des dizaines de millénaires nous séparent. Nous sommes tributaire de ses expériences, de ses pensées, de ses réalisations, et non l'inverse comme le qualificatif « préhistorique » le laisserait croire.

Par conséquent, pour qualifier l'homme d'avant les systèmes que nous jugeons rationnels d'écriture, c'est-à-dire basés « sur une raison d'état » (ce qui resterait à démontré néanmoins) et non plus sur « une fonction esthétique totale », proche de la poésie actuelle, pourquoi ne pas plutôt le nommé « archéo-symbolique ». « l'Arché » renvoie à l'ancien, ce dont tout découle. N'est-ce pas plus juste, au lieu de placer les anciens dans une position inférieur, de les mettre dans le champ de ce dont nous sommes tributaires ?

 

 

 

Commenter cet article